Bonjour à tous, j’espère que vous allez bien !

Je voulais commencer par vous remercier chaleureusement pour votre soutien. Un matin, j'ai ouvert Kessel et là – waouh ! En une journée mon nombre de lecteurs a littéralement triplé ! La mention dans un article de Chloé de Voxe y a sûrement contribué et j’en suis très reconnaissante ! Merci du fond du cœur, ça me touche vraiment. ❤️ ça me motive trop à poursuivre ! 🤩

Aujourd’hui, je vous propose un numéro un peu spécial en deux parties, entièrement dédié à l’identification des oiseaux. Dans cette première partie, nous verrons pourquoi cette activité peut être bénéfique - tant pour la biodiversité que pour nous-même ! - et la semaine prochaine, je vous donnerai quelques conseils pour vous lancer si vous êtes novice. J’espère que ce format vous plaira !

En prime, la particularité de ce numéro et du prochain est qu’ils seront illustrés par des œuvres d’autres artistes talentueux, que je remercie chaleureusement pour leur participation. Vous trouverez leurs crédits et liens Instagram sous chaque dessin – n’hésitez pas à découvrir leur travail !

Merci à eux et merci à vous d’être de plus en plus nombreux à me lire 🙏

Emma

Pourquoi apprendre à identifier les oiseaux ?

Illustration par @drawyourpet27. Dunia dessine vos animaux de compagnie avec un style vif et détaillé.

L’objectif de cet article n’est pas de vous convaincre à vous transformer en ornithologue ou en fervent adepte du birdwatching – je suis moi-même encore loin d’en être une experte 😇 – mais simplement de partager quelques réflexions et, peut-être, allumer quelques petites lumières. Les oiseaux sont en effet une belle porte d’entrée, non seulement pour mieux comprendre l’écologie, mais aussi pour prendre soin de soi – eh oui !

L’oiseau est un excellent indicateur de santé de notre planète

Les oiseaux sont idéaux pour renouer avec la nature. Faciles à observer grâce à une activité diurne majoritaire et leurs chants distinctifs, ils offrent une porte d'entrée accessible à la biodiversité. Leur diversité, moins vaste que celle d'autres groupes, permet une identification plus aisée, rendant l'observation ornithologique particulièrement gratifiante.

Mais au-delà de leur charme, les oiseaux jouent un rôle crucial en tant qu'indicateurs de la santé de nos écosystèmes. Sensibles aux moindres changements environnementaux, ils réagissent rapidement aux perturbations, souvent avant même que nous en prenions conscience, comme l’explique très bien Philippe J. Dubois, ornithologue et co-auteur du livre Ornithothérapie dont je vous parle juste après.

Par exemple, le réchauffement climatique a entraîné des modifications dans les comportements migratoires de nombreuses espèces, certaines avançant ou retardant leurs migrations, d'autres modifiant leurs aires de reproduction. Ainsi, si les rapports du GIEC sur le climat ou les rapports des COP Biodiversité peuvent paraître très théoriques pour grand nombre d’entre nous, observer sur le terrain les changements de comportement des oiseaux semble plus accessible et concret pour comprendre les conséquences directes des activités humaines.

S'intéresser aux oiseaux, c'est donc aussi s'engager pour la préservation de la biodiversité et suivre plus concrètement les effets des activités humaines sur la nature. Apprendre à reconnaître les oiseaux, comprendre leurs besoins et leurs comportements, c'est entrer dans leur intimité et mesurer leur importance dans nos écosystèmes. Cela permet également d'adopter des gestes appropriés évitant de les tuer involontairement, comme éviter le sauvetage systématique des oisillons tombés du nid, un sujet que j'aborderai certainement dans un prochain article.

Philippine, alias @philanthrope, étudiante en ostéopathie animale, dessine depuis toujours et partage ses connaissances sur son autre compte @phil.o.pattes

Cela participe à la mémoire du vivant … vous pourrez la transmettre à vos petits enfants… arrières petits enfants … !

Observer et identifier les oiseaux ne se limite pas à une simple activité de loisir ; c’est un geste citoyen et écologique puissant. En nommant les espèces que nous voyons (ou ne voyons plus), nous préservons la mémoire collective de la biodiversité et résistons au phénomène du shifting baseline syndrome (syndrome du référentiel glissant). Ce phénomène décrit la tendance à percevoir l’état actuel de la nature comme normal, simplement parce que nous n’avons pas connu le passé. EUROPARC Federation

Je vous donne une anecdote concrète : au XIXe siècle, les pigeons migrateurs étaient si nombreux que leurs vols pouvaient obscurcir le ciel pendant plusieurs jours. John James Audubon, naturaliste renommé, rapportait en 1813 avoir observé un tel vol au Kentucky, où la lumière du jour était masquée comme lors d’une éclipse.

Cependant, en l’espace de 60 ans, cette espèce a disparu. La chasse intensive, la déforestation et la perte de leur habitat ont conduit à leur extinction rapide. Le dernier individu connu, une femelle nommée Martha, est morte en 1914 au zoo de Cincinnati.

Cette disparition fulgurante illustre le phénomène d’« amnésie écologique » : chaque génération considère l’état actuel de la nature comme normal, ignorant les changements qui se sont produits.

Cette amnésie a des conséquences concrètes : en Europe, près de 600 millions d'oiseaux ont disparu en 40 ans, une perte souvent invisible car non perçue par les générations actuelles. Cette disparition est principalement due à l’intensification de l’agriculture, notamment l’usage excessif de pesticides et d’engrais.

Ainsi, en observant les oiseaux, nous renouons avec une réalité souvent oubliée, sensibilisons notre entourage et participons activement à la préservation de notre environnement.

Illustration par Ophélie alias @cophelie.art, 27 ans, artiste auteure depuis 2020. Elle crée des portraits animaliers personnalisés et des illustrations d'animaux sauvages en digital et aquarelle, ses deux médiums favoris. 😊

Déconnecter nos esprits sur-stimulés

Nous le savons tous : notre monde moderne nous éloigne de plus en plus de la nature. Avec l’explosion des technologies numériques, de l’intelligence artificielle et des réseaux sociaux, prendre le temps de s’asseoir sur un rocher et simplement contempler un paysage devient presque un acte de résistance.

Notre attention, elle aussi, est en crise. Selon une étude de Microsoft, la durée moyenne d’attention humaine est passée de 12 secondes en 2000 à seulement 8 secondes en 2015, soit une seconde de moins que celle d’un poisson rouge (itsocial.fr). En parallèle, les jeunes générations passent de moins en moins de temps dehors. Au Royaume-Uni, le temps d’écran a bondi de 50 % en 10 ans, limitant d’autant plus les occasions de respirer l’air frais (childinthecity.org).

Peut-être avez-vous déjà entendu cette statistique souvent citée (même si je n’ai pas trouvé la source exacte) : les enfants seraient aujourd’hui plus à l’aise pour reconnaître des logos de marques que des espèces d’arbres. Cette déconnexion va même jusqu’aux adultes : une interview de Vakita, réalisée à l’occasion des élections européennes, révélait l’an dernier que de nombreux candidats peinaient à reconnaître des oiseaux communs – un constat aussi surprenant que révélateur. Faites le test autour de vous : combien de personnes peuvent identifier le chant d’un merle ou d’une mésange ? Par contre, un blind test sur les classiques Disney, là, on serait probablement tous champions…

Cette réalité souligne une déconnexion croissante entre l’humain et la nature. Pour ceux qui voudraient se reconnecter, je recommande les podcasts *Nouvel Œil, ou* à lire Tu penses quoi de la vie, Mamie ? de Victoria Guillomont, ainsi que Le Meilleur est Avenir d’Arthur Aubœuf, des trouvailles inspirantes qui m’ont ouvert les yeux sur l’impact de notre mode de vie hyperconnecté sur notre bien-être.

D’ailleurs, un nombre croissant d'études montre qu'être au contact de la nature a un impact positif sur notre bien-être mental…

🧠 Observer les piafs, c’est bon pour le moral !

Etre dehors et s’émerveiller de la nature et se débrancher de toute cette stimulation évite les séances de thérapie : Cyril Dion a même déclaré sur les réseaux sociaux que “la déconnexion devrait être prescrite par ordonnance médicale.”

Observer les oiseaux offre une raison supplémentaire d’être au grand air et de faire quelque chose de spécial. Un peu comme ceux qui ont vu en Pokémon Go une manière de se reconnecter aux gens et à la marche, l’exploration de sa ville… (clin d’oeil, Maxime 😉) sauf que ces pokémons-là sont bien réels !

Depuis 2018, des médecins britanniques sont autorisés à prescrire la nature pour aider à lutter contre la dépression. Les Japonais, eux, pratiquent la sylvothérapie (=thérapie par les arbres) depuis encore plus longtemps !

La thérapie par les oiseaux est belle et bien réelle, elle aussi !

Le livre Ornithothérapie écrit par l’ornithologue Philippe J. Dubois et Elise Rousseau explore les bienfaits de l'observation des oiseaux sur le bien-être mental.

Des études scientifiques confirment que l’écoute du chant des oiseaux réduit significativement le stress, l’anxiété et améliore l’humeur. Une méta-analyse publiée dans PNAS révèle que les sons naturels, notamment les chants d’oiseaux, diminuent le stress et augmentent le bien-être général . De plus, une étude a démontré que l’exposition à ces sons peut réduire les niveaux de cortisol, l’hormone du stress.

Pour l’anecdote, c’est ce mal-être croissant qui m’a poussée à me pencher sur le sujet et à créer Berthelot. J’avais besoin d’un moyen d’ancrer cette pratique dans ma routine, et rien de tel qu’un rendez-vous hebdomadaire pour y parvenir ! D’ailleurs, je démarre la lecture de Ornithothérapie très prochainement et vous ferai un retour quand je l’aurai terminé !

En attendant, une interview de Philippe J. Dubois et la romancière Sigolène Vinson est disponible sur France Culture.

Illustration par @stelillustration, qui a lancé son activité il y a un an. Spécialisée en portraits animaliers, elle s'essaie aussi aux portraits humains et autres projets, toujours en digital.

Conclusion

Identifier les oiseaux, c’est plus qu’une simple observation : cela permet de se sentir impliqué dans la préservation de la biodiversité et d'agir contre l’écoanxiété. En nous ancrant dans l'instant présent, l’observation des oiseaux aide à apaiser les pensées négatives et à se reconnecter à la nature. Chaque moment passé à écouter ou à regarder un oiseau est une invitation à découvrir et protéger notre environnement.

Partager cette passion, c'est semer des graines d'émerveillement autour de soi. En transmettant notre fascination pour les oiseaux, nous contribuons à éveiller les consciences et à reverdir nos esprits souvent assombris par les préoccupations du quotidien.

J'espère que cet article vous incitera à lever les yeux et à tendre l’oreille. À très vite pour la suite, et d'ici là, pensez à moi quand vous verrez un oiseau ! 😉

J’espère que cet article spécial vous a plu !

à bientôt pour de prochaines anecdotes cool sur les oiseaux ! 👀

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